Jeudi 5 juin 2003

Huitième étape : de l'Onda à Pietra Piana

Départ de l'Onda

Lever 6h30 : l'étape est courte, on se permet la grasse mat'. Nous sommes les derniers à nous lever, une fois n'est pas coutume. Les belges qui se sont levés à 4h30 n'ont fait quasiment aucun bruit. C'est tant mieux et nous les en remercions. Ce ne sera pas le cas demain...

Gildas prépare le petit-déjeuner pendant que Céline et Arno se couvrent de crèmes et autres onguents. Une Allemande, à qui Gildas a remonté une bouteille de pif la veille au soir (elle avait la flemme de descendre du refuge au ravitaillement) explique à Céline que ses chaussettes sont nulles et qu'elle devrait en changer.

Durant le petit-déjeuner, un lézard pas farouche pour deux sous vient tourner autour de nous. Arno lui laisse son papier de pain d'épices qu'il ne se fait pas prier pour lécher. David le flashe un coup.

Un peu avant 8h00, nous voilà prêts à partir. Prêts ? Non... David a fait tomber sa pile de recharge de l'appareil photos sous le balcon du refuge. Quelques minutes de recherche et la voilà retrouvée au grand soulagement de son propriétaire. Nous pouvons partir.

Par les crêtes jusqu'à Pietra Piana

Comme aurait dit Monsieur De Lapalisse, du refuge de l'Onda, il faut, pour passer la variante des crêtes, gagner les crêtes. Bilan : deux heures de montée.

Nous arrivons en haut et attaquons les crêtes. Ça avance déjà moins vite, le terrain étant très accidenté. Au bout d'un moment, nous nous trouvons au pied de la pointe. Nouvelle montée, très raide, pour en atteindre le sommet. De là, ô joie, nous apercevons, au loin, le refuge de Pietra Piana.

Malheureusement, comme à chaque fois qu'il y a une crête, il nous faut un temps considérable pour atteindre notre objectif : entre une heure et une heure trente de marche (disons une bonne heure avec, sur la fin, quelques passages où il ne vaut mieux pas se gaméler sous peine que se soit la dernière). Gildas, qui avec Arno, a récupéré une partie (deux tiers) des arceaux de la tente, commence à avoir mal au dos, d'autant qu'il a hérité, avant le départ, du topo-guide et du carnet.

Finalement, nous arrivons au refuge vers 12h45, peu après Nicolas le Jardinier, également surnommé auparavant le Bavard puis Gérard (Jugnot, cela va sans dire).

À Pietra Piana

Nous prenons quatre places en refuge (il y a six personnes sur cinq matelas) et nous déjeunons tranquillement devant le refuge (à l'ombre, car le soleil cogne). Nous réglons son compte au pâté Henaff ramené par François, complément de saucisson sec. Nous enchaînons ensuite sur un café au refuge avec un morceau de tarte aux fruits maison, qui se fera un peu attendre car elle était justement en pleine cuisson. L'attente vaudra toutefois la chandelle. La tarte est très bonne et les parts, relativement généreuses.

Alors que nous glandons attablés sur la terrasse devant la cabane du gardien (qui, pour la première fois, est une gardienne), nous effectuons une nouvelle rencontre inattendue : Céline et David retrouve Ronan, un collègue de Miage. Les bavardages vont bon train, d'autant que, de son côté, Julien vient d'arriver au refuge (il a mal à le genou).

Shower or no shower ?

Après un moment, Gildas décide qu'il est grand temps d'aller à la douche. Pourquoi ne pas jouer aux cartes devant la douche en attendant qu'elle se libère ? On aura le temps : sic personnes nous précèdent... Le terrain, bien pierreux et marécageux à faire rêver François Morel des Deschien ne se prête guère aux cartes. Nous nous retrouvons en plein cagnard, à poireauter au beau milieu des fourmis.

David évoque alors la possibilité d'aller se laver dans le ruisseau. Celui-ci risque toutefois d'être nettement plus froid que les douches. Hésitation... arno en a ras le bol et part communier avec la nature et se lave pour la première fois... dans un ruisseau. L'eau est fraîche mais la toilette reste finalement agréable comparée à celle d'Asinau, où, faut-il encore le rappeler, l'eau coulait à peine du pommeau de douche tant la température frisait le 274 kelvins.

Finalement nous entamons une partie de tarot. C'est le moment que choisit la gardienne pour nous demander si on vient de Paris : pour elle, c'est la disgrâce immédiate. Le tarot ne s'avère guère favorable à Gildas qui se contente d'abattre ses cartes, ni à Arno, qui se ramasse à chaque fois qu'il prend.

Gildas' night fever

Alors qu'Arnaud est déjà couché et pionce depuis belle lurette, Gildas arrive, lui-aussi, pour se coucher. David et Céline peuvent encore témoigner du bonheur de Gildas découvrant qu'il n'a pas un voisin, mais une voisine... celle-là même avec qui nous avions discuté l'après-midi.

Ce qui se déroulera cette nuit-là, dans la moiteur du dortoir, les râles de fatigue des dormeurs et la promiscuité inhérente à ces lieux, je ne puis décemment le conter ici...

Demain, direction Manganu.

Phrase du jour

Arno réinvente les bonnes expressions françaises : les uns avec chacun. Du grand Juhel !